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Il reste que cette phase de l’oeuvre est, historiquement, habituellement censurée. Cette éclipse n’est plus tout à fait de mise aujourd’hui, où nombre de créateurs semblent vouloir au contraire, et à la suite de Burroughs en particulier, serrer cette articulation d’un peu plus près. Certains, comme notre jeune artiste ci-dessus, se contentent d’en poser la question. Il écrit, à propos d’un tableau de Gorki : « Sa mère est morte et sur la tableau elle n’a pas de mains. Gorki n’avait-il pas pu les peindre, ou les avait-il effacées par la suite ? » Où sont passées en effet ces mains d’emprises et de jouissance ? D’autres artistes chercheront à se déplacer de ce côté-là, vers cette zone pulsionnelle qui organiserait l’oeuvre, avec du génie pour certains, avec seulement de l’abjection pour d’autres.
Gérard Bazalgette
2006–2016
Gérard Bazalgette est psychanalyste. Publié en 2016, le livre « La folie et la psychanalyse » reprend ici un article daté de 2006, publié alors en revue.
Ce passage décrit mon exposition L’image dans le papier, à la Galerie Frédéric Giroux, à Paris, en 2006, en rapport avec la notion de « sublimation » et l’oeuvre de William Burroughs.